Cépages
& conservatoire

En Minervois, ce sont des cépages méditerranéens qui sont à l’honneur ! Le cahier des charges de l’appellation autorise 9 cépages pour les vins rouges et 12 cépages pour les vins blancs. La dernière modification de cette liste date de 2020 avec un petit nouveau le Viognier et un revenant le Grenache gris. D’autres sont actuellement à l’étude notamment des cépages suivi dans le Conservatoire de l’appellation !

21 cépages

VINS BLANCS

  • Bourboulenc B
  • Grenache B
  • Maccabeu B
  • Marsanne B
  • Roussanne B
  • Vermentino B (Rolle B)
  • Clairette B
  • Grenache G
  • Muscat à Petit Grain B
  • Piquepoul B
  • Terret B
  • Viognier B

VINS ROUGES

  • Syrah N
  • Mourvèdre N
  • Grenache N
  • Lledonner Pelut N
  • Carignan N
  • Cinsault N
  • Piquepoul N
  • Terret N
  • Rivaïrenc N

VINS ROSÉS

Cépages pour vins rouges

  • + Grenache G
  • + Maximum 10% de cépages blancs en vinification.

B : Blanc, N: Noir, G: Gris

Part des différentes couleurs de vins en AOP Mirervois

1 Conservatoire

En association avec le Syndicat du Cru La Livinière, l’appellation Minervois dispose d’un conservatoire de cépages « Le Conservatoire des cépages en Minervois » à Félines-Minervois au pied du Moulin de la commune.

Cette vigne accessible au public présente une collection de 42 cépages différents trouvés sur des parcelles anciennes.

La mise en place : Une aventure entreprise devant l’urgence à préserver

Des toutes premières réflexions…

A la fin des années 1990, quelques vignerons du Minervois cherchent à diversifier leur encépagement AOC (pool des cépages qu’ils possèdent sur leur exploitation), à la fois en intensifiant les plantations de Grenache mais également en se penchant sur des cépages autorisés en AOC Minervois mais peu plantés tels que le Piquepoul N. et celui qu’on appelait encore l’Aspiran N.

Au même moment, sous l’impulsion de Michel Escande, président du Syndicat du Cru La Livinière (alors toute jeune appellation reconnue), une première réflexion est menée autour de l’installation d’un conservatoire de vieux cépages alors que l’ensemble du Languedoc subit une période d’arrachage assez importante avec le risque de voir disparaître une diversité précieuse présentes dans les parcelles les plus anciennes : une première phase de prospection est donc lancée en juillet 2000 avec les services de la Chambre d’Agriculture de l’Aude (Richard Planas du Service Viticulture et Didier Viguier du Service Bois et Plants de Vigne).


Le bilan satisfaisant de cette première prospection (35 variétés différentes identifiées et 7 indéterminées à identifier) amène les vignerons du cru à s’entourer de partenaires techniques supplémentaires, Mrs Boursiquot et Audeguin de l’ex-ENTAV aujourd’hui IFV, Mr Lacombe de l’INRA et les services de l’ex-ONIVINS aujourd’hui FranceAgriMer.


Les objectifs précis du projet sont également arrêtés :

inventorier les cépages présents en voie de disparition sur les terroirs du cru afin de créer une ou plusieurs parcelles conservatoires visant à protéger ce « patrimoine génétique en cours d’érosion » avant que ce processus soit irréversible,
inscrire ce travail dans le long terme et participer au renforcement de la typicité des vins des appellations.

 

A l’automne 2001 et au printemps 2002, une seconde phase de prospection et d’identification est réalisée sur plusieurs parcelles de Félines-Minervois et de La Livinière aboutissent au final à 42 cépages d’intérêt identifiés et 14 restants à identifier.


… à l’implantation du conservatoire…

L’implantation d’une parcelle de conservatoire pour accueillir toutes ses variétés répond à plusieurs prérogatives : il est capital de disposer d’une parcelle n’ayant jamais été plantée en vigne pour éviter de transmettre via le sol des maladies, certaines mortelles, aux plants collectés. Mais la question d’un site accessible, pour pouvoir permettre le partage et la sensibilisation des professionnels comme du public, à cette collection de cépages et ses enjeux est également importante.

La commune de Félines-Minervois se porte alors candidate et partenaire en mettant à disposition non pas une mais deux parcelles ! Le Conservatoire sera donc jumelé avec une parcelle dite « vitrine » au pied du moulin de Félines–Minervois, moulin alors nouvellement restauré et site facilement accessible au public sur lequel est également implanté un sentier de découverte botanique et patrimonial. Et une autre implantation de cette collection sur une parcelle de « conservatoire génétique » dans une zone isolée et jamais plantée auparavant, sur un terrain communal. Cette parcelle est aujourd’hui sur le parcours de l’œnorando® du Cru La Livinière.

 


Après tests sanitaires, tests d’identification ADN, multiplication des plants, greffage (par le Service Bois et Plants de Vigne de la Chambre d’Agriculture de l’Aude) et préparation des sols, la plantation du conservatoire intervient le 21 mai 2004 soit 5 ans après les premières réflexions.

 


Parmi les 42 cépages implantés dans ces collections, reste finalement un seul cépage non-identifié : un « Inconnu » donc.

Les pieds implantés dans le Conservatoire et dans les parcelles d’essai, sont donc les seuls exemplaires de cette variété non-décrites jusqu’à ce jour …


… et premières expérimentations.

Le Conservatoire de cépage en Minervois est aujourd’hui porté par l’Association du Conservatoire de Cépages en Minervois, association entre le Syndicat du Cru Minervois et le Syndicat du Cru La Livinière dans l’objectif d’assurer sa pérennité, sa valorisation et de permettre les suivis et expérimentations à destination de ces deux appellations.

 


Parmi les anciens cépages, en effet, il en est qui peuvent être des ressources de diversification mais aussi, peut-être, d’adaptation des encépagements aux problématiques climatiques actuelles.

En prospectant des parcelles anciennes promises à l’arrachage au tout début des années 2000, les vignerons du Cru La Livinière espéraient collecter des cépages anciens ou des « curiosités » et garder la trace de ce qui se plantait auparavant librement, en mélange, dans ces vieilles vignes.

En revanche, ils ne pensaient pas une seconde, tomber sur un cépage inconnu !

Pourtant, ce qui avait été suspecté par les ampélographes de renom les accompagnant, a ensuite été confirmé par les tests génétiques réalisés : ils avaient, en plus des 42 cépages (68 clones), trouvé aussi une souche unique et inconnue…

Et depuis l’implantation du Conservatoire de Cépage en Minervois, les vignerons ont suivi et étudié ce cépage inconnu.

Ainsi, dès 2014, des parcelles d’essais ont été implantées chez des vignerons. Un suivi viticole complet (caractéristiques, comportement, sensibilité aux maladies, maturité technologique et polyphénolique…) est réalisé afin d’évaluer le cépage inconnu mais également, dès 2018, des microvinifications pour découvrir le profil gustatif, dans le verre, de ce cépage.

L’objectif est de déterminer si ce cépage présente un minimum d’intérêt pour que, dans un objectif de préservation de la diversité des variétés de vigne, un protocole pour autoriser sa multiplication et sa plantation, hors du seul cadre expérimental, soit lancé. C’est ce qui sera fait en 2021. Aujourd’hui, l’Inconnu du Minervois est dans sa phase d’inscription officielle comme variété autorisée à la plantation et dans une procédure de baptême également !

Son nom de code actuel : « Plant de Grapy » dit « Grapy ».

Il le tient de Didier Viguier, responsable de l’Atelier Bois et Plants de Vigne qui, en compagnie de Guy Sabarthès (aujourd’hui Président de l’appellation La Livinière) et Jean-Michel Boursicot (ampélographe de renom), réalisait la prospection.

Et qui l’ont codé ainsi parce que cette souche inconnue avait été trouvée sur la parcelle de vigne d’un certain M. GRAnel, parcelle située non loin d’un PYlone…

Et plus précisément sur le rang 26, c’était la souche n°31 !

Son feuillage : particulièrement caractéristique !

Vert brillant, ses feuilles glabres (non poilues) sur la face inférieure à 5 lobes très dentelées avec des sinus latéraux à bord chevauchant qui leur donnent un aspect perforé, combinées à son port érigé, font du cépage inconnu, un cépage avec un « look » particulièrement reconnaissable.

En fonction des implantations, il peut connaître des défoliations sur les millésimes les plus secs (du même ordre que celles observées sur Syrah).

Ses grappes : assez denses.

Sans sensibilité particulière à la coulure, ce cépage est plutôt un peu moins fertile que la Syrah mais compense par des grappes un peu plus lourdes semi-compactes à baies arrondies.

Un peu ovoïdes avant véraison, les baies sont rondes à maturité.

Les pellicules peuvent être fragiles.

La dégustation des baies à maturité révèle des arômes originaux en raisin de violette et de figue.

La précocité est comprise entre celle de la Syrah et celle du Carignan.

Pour les aspects œnologiques et gustatifs :

faible teneur en polyphénols et intensité colorante
acidité plus faible à l’analyse qu’en ressenti de dégustation
perception de volume/gras malgré degré alcoolique et concentration plus faible que les témoins